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Yamago est une jeune société de développement de jeux multijoueurs en Flash qui officie également dans la production et conception de contenus interactifs et animés pour le web. Fondée fin 2000 sur l’initiative de trois acteurs principaux : Mathieu Anthoine, Hugo Vassal et la société Kayenta Production ; Yamago a su s’imposer, en l’espace de quelques années, par l’intermédiaire d’une équipe survitaminée, dans la tête du peloton des producteurs de contenus web. Reconnus par beaucoup, vénérés par certains joueurs, respectés par la profession… nous avons eu l’immense plaisir d’envahir leurs locaux pour vous offrir cette interview.



- En créant Yamago, vous attendiez-vous à un tel succès ?

Magicfred : A vrai dire, on ne s’en rend pas bien compte ; bien qu’il y ait à chaque sortie de jeux, des milliers d’utilisateurs, nous ne sommes jamais pleinement satisfaits. C’est sûr que lorsque l’on sort un jeu, ça fait plaisir qu’il y ait du monde qui vienne mais on aimerait qu’il y en ait toujours plus. Mais bon, de là à parler de succès, je ne pense pas… on est juste heureux que notre travail plaise !

- Quels ont été vos parcours avant la création de Yamago ?

Mama : J’ai fait un bac scientifique bien que très mauvais en maths et en physique, puis j’ai fait des études de géomètre, ce qui est très éloigné du web ! Par un concours de circonstances, je me suis retrouvé dans une société à faire un peu d’informatique et j’ai découvert internet à ce moment-là. Enfin, avec Hugo Vassal on a créé Yamago.

Abym : Je n’ai pas non plus de cursus qui me prédestinait à faire ce que je fais aujourd’hui chez Yamago. J’ai fait des études en sciences humaines, puis un an de formation en multimédia et c’est à partir de là que j’ai commencé à faire du Flash.
Pierrick : Après un IUT génie télécommunications et réseaux, je suis arrivé chez Yamago par l’intermédiaire d’un stage qui complétait une formation java.

Virgile : En premier lieu, je suis un musicien de jazz. J'ai suivi diverses formations dans différentes écoles ou conservatoires tout en suivant un cursus de musicologie à Paris 8. Je joue du saxophone dans plusieurs groupes ou formations improvisées et compose de la musique pour orchestre de jazz avec ou sans chanteurs.

Magicfred : Pour ce qui me concerne, j’ai fait un bac sciences et technologies du tertiaire, et après m’être essayé dans un BTS commerce, j’ai fait un stage de six mois dans une web agency où j’ai pu me perfectionner dans l’utilisation de Flash. Enfin, à la suite d’une formation chez regart.net, j’ai été repéré par Yamago qui était intéressé par mon travail.
- Pourquoi et comment vous êtes-vous mis à Flash ?

Magicfred : J’ai toujours voulu faire du dessin animé et à l’époque je n’avais pas les moyens de m’acheter une caméra, une table lumineuse… Un jour, quelqu’un m’a prêté une démo de Flash 3, en anglais, et pendant les vacances d’été j’ai bûché, je me suis dit « tient, ça peut être vachement intéressant pour faire des dessins animés rapidement ». Je trouvais ça génial, on pouvait tout faire.

Pierrick : Moi c’est en arrivant chez Yamago (rire).
Magicfred : Avant tu ne connaissais pas ? ?

Pierrick : De loin, un peu. En fait je suis arrivé ici pour faire YOserver, notre serveur multijoueur en java, et après je me suis mis à Flash MX. Et c’est vrai que c’est un logiciel qui est simple pour faire des jeux et puis les graphistes aiment bien (rire).

Abym : J’ai commencé dans la première boîte où j’étais, avec Flash 3. Je l’utilise parce que je n’éprouve pas l’envie de faire du développement plus costaud que l’actionscript. L’actionscript c’est déjà suffisamment riche, et puis je trouve intéressant le fait d’avoir une interaction forte entre un environnement d’animation et un environnement de programmation.


Mama, en plus de ton activité au sein de Yamago, tu es également formateur pour le centre de formation Regart.net, mais aussi relecteur technique d’ouvrages Flash pour les éditions O’Reilly, sans compter le fait que tu es également investi à un haut niveau au sein du portail communautaire Flashxpress… enfin bref, plein de choses ! En résumé, tu es investi à 100% au profit du logiciel Flash, peux-tu nous expliquer pourquoi et que trouves-tu de si particulier dans ce logiciel ?

Mama : Et bien, avant tout, Flash a toujours été une passion pour moi. En ce qui concerne mes diverses activités à côté de Yamago, elles relèvent à chaque fois de la pédagogie. Le côté pédagogique est quelque chose qui me plaît beaucoup, il y a un temps, ça m’aurait bien plus de devenir professeur en informatique.

A l’époque, dans les années 30, comme dit Magicfred, les profs d’informatique étaient souvent des profs de maths donc incapables de donner envie de faire de l’informatique, ce qui était assez frustrant.

La découverte d’internet et le fait de rencontrer des gens super sympas qui échangent, qui t’aident, que tu aides, renforce ce côté pédagogique. C’est ce qui m’a fait participer et échanger ce que je savais et ce que je ne savais pas avec beaucoup de gens. Puis j’ai rencontré Guylaine Monnier et Bertrand Gac qui sont à l’initiative de Flashxpress, un portail qui est devenu de plus en plus gros, et c'est naturellement que je me suis mis à y participer.

Pour le centre de formation, ça s’est fait un peu aussi dans cette direction naturelle de pédagogie et pour ce qui est de O’Reilly, c’était une opportunité et je suis ravi de participer à la relecture de ce type d’ouvrages.

Flash, c’est plaisant et c’est surtout tout un ensemble de choses, côté web et côté entraide communautaire qui fait que c’est un monde intéressant et qui me plaît bien, je m’y investis donc pas mal.

- Comment voyez-vous l’avenir de Flash ?

Mama : Il y a toute la partie Flash pour mobiles qui nous intéresse. En fait, on aimerait bien que Flash se développe davantage dans cette direction parce que pour une société, économiquement parlant, c’est un modèle qui tient la route. Malheureusement du côté de Macromedia, ça n’a pas l’air d’être une réelle priorité. Sinon l’avenir de Flash ! Et bien, disons que plus Flash est puissant, plus il nous offrira de possibilités de créations, plus nous ferons des choses intéressantes. Je dirais que ce qui est intéressant dans Flash, c’est le côté web, le côté accès via internet, faire des développements dans le cadre du vectoriel. Moi, je n’attends pas forcément énormément de choses nouvelles dans Flash, il y a des gens qui attendent de la 3D…

Ce n’est pas quelque chose qui me passionne. J’espère juste, qu’au fur et à mesure que Macromedia améliore le lecteur, que ça aille de plus en plus vite et qu’on puisse faire des jeux de plus en plus puissants.

De toute façon, Flash, c’est une technologie qui s’étend sur tout ce qui est consoles, mobiles, audiovisuel, il y a de plus en plus de boîtes qui utilisent Flash pour faire de l’animation télévisuelle, donc son avenir est à mon avis assez prometteur.

Magicfred : Tout ce que je souhaite c'est que Macromedia ne fasse plus la boulette d'oublier les designers comme ils l'ont fait avec la version MX 2004 qui est pour ma part détestable. Dans cette optique là, ce ne serait pas mal d'avoir un peu plus d'outils pour dessiner et animer.



- Quelles sont les qualités nécessaires pour réussir dans ce milieu professionnel ?

Abym : La polyvalence, la volonté de découvrir et d’apprendre par soi-même.

Mama : La communication. Puisqu’il faut savoir comprendre les attentes des personnes pour qui ont crées, c’est-à-dire les internautes. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas de démarche commerciale forte, c’est plus par nos réalisations que nous allons nous faire connaître. C’est vrai qu’on essaye d’avoir un rapport des plus honnêtes avec les gens pour qui on travaille. C’est peut être ça aussi qui plaît aux gens, l’honnêteté, que ce soit de sentir à travers nos réalisations, l’envie, l’énergie et le plaisir que nous avons pu y mettre. Ensuite, les retombées se ressentent dans notre travail, plaire au public fait que des sociétés ont envie de s’engager avec nous..
Magicfred : Avoir des idées originales. Travailler, être curieux, être patient, ça ne s’apprend pas en un mois.



- Fred, tes dessins paraissent assez simplistes, épurés, un peu à la façon des studios VOOZ. Pourquoi donner à tes créations, un tel style graphique ?

Magicfred : Disons que pour l’animation en général, il faut faire simple… plus c’est simple, plus c’est facile d’animer. Il y a aussi que Flash travaille mieux avec très peu de traits sinon ça devient vite super lourd, et forcément ça ne colle pas avec internet.

 

- Que pensez-vous des autres sociétés de conception de jeux en ligne ? Tel Ankama qui a remporté deux prix lors de la dernière édition du Flash festival.

Mama : C’est vrai que Dofus c’est quelque chose d’assez important, c’est le type de projets qui m’intéresse. On avait, il y a quelques temps, un projet qui s’appelait supervache, qui étaient assez volumineux et certainement aussi vaste que Dofus mais on n’a malheureusement pas eu l’occasion de le poursuivre ; du moins pour l’instant le projet est mis en attente. C’est impressionnant de voir ce qu’a fait Ankama, ça montre aux gens qu’avec Flash on peut faire pas mal de choses.

Sinon, en ce qui concerne les autres studios, on en connaît quelques-uns mais on est surtout très proche de Globz avec qui ça nous arrive de travailler. Ce sont des personnes super talentueuses, on passe notre temps à les charrier, mais en fait, on a beaucoup de respect pour ce qu’ils font. Ce sont des amis.


- Que pensez-vous des jeux en ligne payants comme Dofus et l’avenir de ce type de jeux ?

Mama : Il y a quelques années, je pense que ce n’était pas quelque chose de faisable. Quand on a commencé, on se basait sur un modèle qui était « les fournisseurs d’accès ont besoins de contenus, ils vont donc reproduire un schéma identique à celui de la télévision, c’est-à-dire demander à des sociétés de production comme nous de réaliser du contenu et de l’acheter ou de le louer ». Il s’avère que les fournisseurs d’accès ne font pas ça du tout, en tout cas, pas aujourd’hui, parce qu’en fait ça leur suffit de faire des liens sur des sites qui eux ont du contenu.
En revanche, on ne pensait pas du tout à du contenu payant sur le web, parce que ce n’est pas la nature de base d’internet et puis les internautes n’étaient pas non plus prêt à payer. Avec les nouveaux arrivants sur internet, la culture change, il y a des gens qui sont désormais prêt à payer pour du contenu, je pense donc que ça peut marcher.

C’est vrai qu’il y a Dofus, mais il y a aussi certains jeux de Globz qui sont payants et qui marchent plutôt bien. On pense, nous aussi, à ce type de solution, c’est-à-dire avoir un jeu très attrayant qui soit gratuit, garder un peu ce qui nous anime depuis toujours offrir du contenu au public ; et puis des parties plus élaborées qui soient cette fois-ci payantes. Je ne suis pas sûr que ce soit la solution du web mais, ça peut être une source de revenus parmi d’autres.
- Y a t-il des personnes en particulier qui vous inspirent dans votre travail ?

Mama : Du point de vue de l’animation, c’est vrai que Vooz est intéressant. Ce n’est pas vraiment une inspiration, c’est juste qu’on aime bien ce qu’ils font.

Magicfred : J’ai eu pas mal d’inspiration à l’origine, il y a maintenant 4 ou 5 ans, mais plus maintenant…je me suis trouvé. Au départ, il y avait vooz, chman, globz, melondesign… A l’époque, c’était marrant, quand tu tapais Flash dans un moteur de recherche, tu t’aperçevais qu’il n’y avait pas beaucoup de monde. Aujourd’hui, je dirais que notre inspiration relève plus de notre culture visuelle, la BD, les jeux…

Pierrick : On s’inspire beaucoup des jeux de consoles, NES et Super NES.

Mama : Tous les vieux jeux d’arcades également, c’est une réelle influence. Les vieux jeux qu’on trouvait dans les bars, les salles de jeux. C’est vrai que, quand j’étais gamin, je jouais pas mal dans les salles de jeux à HyperOlympic et compagnie. C’était dans les années 30, fallait se cacher (rire). Sinon s’il fallait citer une personne en particulier qui m’inspire, je dirai Fred ! J’attends qu’il dessine, puis on se met ensuite à discuter… c’est la base même de nos créations.

- Qu’est ce qui vous a poussé à faire du jeu en ligne ?

Magicfred : C’est quelque chose qu’on a voulu faire dès le départ. Parce qu’on apprécie le jeu vidéo. Et puis, il faut dire que si on ne faisait que de l’animation, je serais le seul à bosser !

Mama : En fait, quand on a commencé, il y avait pas mal de boîtes qui faisaient de l’animation de qualité, du type chman, oeilpouroeil, nocopy et quelques autres ; ça faisait donc pas mal de monde sur le marché de l’animation. Par contre, il n’y avait pas encore de grandes compétences dans le domaine de l’actionscript et du jeu ou alors c’était des boîtes qui s’improvisaient un peu dans le domaine, ça donnait des résultats un peu aléatoires. Et puis, c’est un peu notre culture, on est tous joueurs.
Il y a donc ceux, qui très tôt se révèlent être des programmeurs fous et qui se lancent dans du développement de jeux lourds de type CDROM et les gens comme nous. Le fait d’accéder à Flash nous permettait de développer des jeux tout en n’étant pas dans une structure lourde.

Là, on a la possibilité de mêler l’animation type cartoon avec du jeu. Ca m’attirait plus que tout ce qui est pixel, ce qui est actuellement jeux en 3D et qui demande des compétences lourdes en programmation, ce n‘est pas notre cursus non plus.

Et puis, il y a le côté communautaire, c’est l’un des points importants. Le jeu vidéo traditionnel, ça fait pas très longtemps qu’on peut jouer en réseaux et faire des communautés de joueurs sur internet alors que ça existait déjà avec Flash et c’était un moyen de créer des jeux communautaires.

- Quels sont les projets de Yamago ?

Magicfred : Tout d’abord, on va continuer Runnroll, rajouter des planètes, le rendre encore plus communautaire, rajouter plein de goodies.

Mama : Eventuellement, ajouter encore plus de planètes en accès payant. Permettre par exemple à des gens d’organiser des tournois…Puis, dans les autres projets, il y a tout ce qui tourne autour du mobile, on s’y intéresse de plus en plus, on a fait un petit jeu de plate-forme sur le thème de Runnroll, Pierrick vient de finir un jeu de bûcherons, Abym a bossé sur un jeu de course en sac, des projets de petits jeux débiles pour respirer un peu des projets massifs comme Runnroll. Ce sont des projets épuisants, on attend donc de reprendre un peu d’énergie avant de repartir sur de gros travaux.


 

Plus d'infos

www.yamago.net
Virgile, musicien du web


Interview réalisée par

Christophe Guérin
(avec la participation de Mathieu Gervais et
Jean-Christophe Neïss)

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